"Il y a aussi un lien extrêmement fort avec Madonna elle-même, ce qu’elle est, ce qu’elle représente, les valeurs qu’elle met en avant au travers de sa personnalité et de ses actes, la façon dont elle affronte les situations"
Depuis quand êtes vous fans de la Madone ?
Daniel Ichbiah : Si mes souvenirs sont bons, il me semble que c’est la chanson ‘Material Girl’ qui a été le premier déclic et qu’en France, elle a eu plus de succès que ‘Like a Virgin’. Pourtant, c’est plutôt vers la fin des années 80 que j’ai commencé à réaliser qu’elle était une personnalité pas comme les autres. C’est en lisant l’interview d’un réalisateur italien, je ne sais pas si c’était Bertolucci ou Antonioni, en tout cas une légende du cinéma. Ce cinéaste s’était retrouvé par hasard dans le même hôtel que Madonna et ils avaient spontanément discuté. Il disait avoir découvert qu’elle était authentiquement intéressée par l’art et notamment par les films de ce réalisateur. Elle avait poussé la sophistication jusqu’à choisir une chambre qui était dédiée à un film de ce réalisateur. Je crois que c’est là que j’ai réalisé qu’elle avait quelque chose de particulier…
Quel est votre titre préféré ?
‘Vogue’, sans aucune hésitation. C’est une chanson magique, hors du temps, en partie par la bande sonore qu’avait réalisé le DJ Shep Pettibone. Il faut dire également que le clip de David Fincher – qui n’avait pas encore réalisé le film Seven – est une œuvre d’art à part entière. L’énumération des légendes de Hollywood : Greta Garbo and Monroe, Dietrich and DiMaggio, Marlon Brando, Jimmy Dean… donne des frissons. C’est comme la pépite d’or de sa carrière.
"Les métamorphoses de Madonna dans le désert Mojave (Californie) c'est du génie"
Clip ?
J’hésite entre deux clips de l’album Ray of light : ‘Frozen’ et ‘Drowned world / substitute for love’. Si l’on s’en tient à la performance esthétique, ‘Frozen’ est sans doute le plus impressionnant, et d’ailleurs, Chris Cunningham est peut-être le réalisateur de vidéoclips le plus extraordinaire de l’Histoire. Les métamorphoses de Madonna dans le désert Mojave (Californie), c’est du génie. Cela étant dit, ‘Drowned world / substitute for love’ est le plus touchant en raison du message sous-jacent. Elle est immergée dans un monde factice et le soir, trouve le véritable amour lorsqu’elle retrouve sa fille Lourdes. Il y aussi un troisième clip que je citerais volontiers, celui qu’a réalisé Luc Besson sur ‘Love Profusion’, un clip et un single qui n’ont sans doute pas eu la reconnaissance mérité – Madonna subissait alors le boycott de nombreuses radios américaines du fait de ses prises de position à l’encontre du président Bush et de la guerre en Irak.
Vous en êtes à votre 3ème ouvrage sur elle, en quoi est-il différent des autres ?
Il m’est apparu que, à la manière de nombreux grands artistes qu’il s’agisse de peintres à la Picasso ou de légendes de la musique comme Elvis ou Michael Jackson, la carrière de Madonna avait connu plusieurs ‘périodes’ distinctes, comme des phases artistiques. De plus, une autre chose m’est apparue : on pourrait croire que Madonna s’est contentée d’égrener les tubes. En réalité, c’est une œuvre musicale à part entière. Je tenterais bien un parallèle avec Alfred Hitchcock. Durant une grande partie de sa carrière, il est apparu, aux yeux des critiques de cinéma, comme un réalisateur de films ‘populaires’, pas comme un réalisateur de niveau artistique. Et puis, François Truffaut qui était un grand fan, a apporté un autre regard en publiant un livre d’interview du réalisateur britannique. Il a fait ressortir qu’au-delà de son succès populaire, Hitchcock était un artiste authentique, avec une approche d’une grande subtilité. Je pourrais en dire autant de Madonna.
Comment appréhendez-vous le travail d'écrivain ?
Je ne saurais dire, j’adore cela… Ecrire des romans et des biographies est un travail très différent. Je m’applique une règle essentielle : il faut toujours qu’il se passe quelque chose, que l’attention ne retombe pas. Il m’arrive de passer un temps énorme juste pour réécrire une phrase. Un bon livre doit procurer un plaisir au lecteur à la fois par le fond et la forme.
Comment s'effectue votre travail ?
Difficile à dire… J’ai un plaisir immense à écrire. Le temps disparaît. En réalité, une partie difficile mais nécessaire consiste à couper. J’ai récemment un livre sur les Doors où l’auteur s’était à mon sens laissé aller à transcrire toutes ses archives. Résultat : on suit la vie de Jim Morrison, presque jour après jour dans certains passages. On sait qu’il a pris un café à Paris à 15 :30 avec sa compagne de l’époque. Mais est-ce important pour le lecteur ? A part pour les ultra-fans, je ne le pense pas. Donc, une part du travail consiste à distinguer ce qui est important ce qui ne l’est pas forcément…
Accordez-vous beaucoup d'importance aux avis des fans sur votre travail ?
Enormément. Il peut arriver de se tromper et le regard des lecteurs est essentiel. Par exemple, au début de l’année 2012 j’avais publié un livre sur Michael Jackson, adapté d’un magazine que j’avais réalisé autour de l’artiste un an plus tôt. Et bien, ce qui sortait bien en magazine n’était pas adéquat sous forme de livre – il y a des règles un peu différentes pour chaque média. Du coup, j’ai pris des commentaires assez rudes de certains lecteurs. J’en ai pris acte et j’ai réécrit le livre quasi intégralement. Après cela, il a fait l’objet de commentaires élogieux. Donc oui, c’est hyper utile.
Madonna ou son entourage sont ils au courant de vos travaux ?
Pas à ma connaissance...
"Le lien qui existe entre Madonna et son public est quelque chose d’incroyablement fort. On l’aime, c’est tout."
Madonna est le sujet de nombreuses parutions chaque année, est-il difficile de se démarquer des autres ?
Je ne saurais dire. Durant une vingtaine d’années, j’ai publié uniquement en passant par des éditeurs ‘classiques’, donc sur papier. En février 2012, j’ai découvert le phénomène de l’auto-édition via Amazon et j’ai commencé à publier quelques livres d’abord sur le Kindle, puis sur d’autres plates-formes comme l’iPad d’Apple, les tablettes Android de Google, le Kobo de la Fnac… J’ai découvert qu’il y avait un énorme public attiré par les livres numériques. Et puis en avril 2014, j’ai eu comme une révélation. L’histoire complète est racontée sur cette page pour ceux que cela intéresse : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1214972-auto-edition-amazon-et-consorts-peuvent-sauver-les-auteurs-ca-m-est-arrive.html
Pour faire court. En avril dernier, j’ai été invité à une journée sur les Rolling Stones à Carpentras et il se trouve que j’ai aussi écrit un livre sur eux. La libraire locale m’a contactée, un peu paniquée, en me disant que mon éditeur ne pouvait pas lui fournir le livre ! J’ai appelé l’éditeur qui m’a dit que le livre était épuisé et que cela lui coûtait trop cher de rééditer. Une situation absurde que vivent énormément d’auteurs. Je lui ai tout de même demandé s’il comptait le réimprimer pour le 13 juin date du passage des Stones à Paris. Il m’a répondu que c’était trop tard. Je peux vous dire que pour un auteur, c’est hyper frustrant ce type de situation et je l’ai vécue à de nombreuses reprises.
Cette fois-ci, j’en ai assez. Comme j’avais réalisé un magazine spécial Rolling Stones en 2010 et que je disposais de pas mal de matière, j’ai alors auto-publié un livre via Amazon : ‘Les chansons des Rolling Stones’ – Amazon permet de publier en Kindle mais aussi en version papier. Le 13 juin 2014, les Stones sont passés à Paris. J’ai alors bénéficié à fond de l’effet médiatique. Mon livre est monté jusqu’à la position n°1 du hit-parade d’Amazon (voir http://ichbiah.online.fr/stones.htm pour des captures d’écran). Ça a été une révélation sur le fait que nous sommes en train de changer d’ère. Internet est en train de nous faire changer d’époque, un peu comme quand le monde est passé d’une civilisation agricole à une civilisation industrielle. Désormais, un simple individu peut concurrencer les majors. Cela s’est passé aussi pour beaucoup d’artistes. Et donc, ‘Les chansons de Madonna’ je le sors sur Amazon et c’est aussi une façon d’avoir un livre sur Madonna qui sera toujours en vente, que l’éditeur réimprime ou non ceux que j’ai faits pour lui…
Pour faire court. En avril dernier, j’ai été invité à une journée sur les Rolling Stones à Carpentras et il se trouve que j’ai aussi écrit un livre sur eux. La libraire locale m’a contactée, un peu paniquée, en me disant que mon éditeur ne pouvait pas lui fournir le livre ! J’ai appelé l’éditeur qui m’a dit que le livre était épuisé et que cela lui coûtait trop cher de rééditer. Une situation absurde que vivent énormément d’auteurs. Je lui ai tout de même demandé s’il comptait le réimprimer pour le 13 juin date du passage des Stones à Paris. Il m’a répondu que c’était trop tard. Je peux vous dire que pour un auteur, c’est hyper frustrant ce type de situation et je l’ai vécue à de nombreuses reprises.
Cette fois-ci, j’en ai assez. Comme j’avais réalisé un magazine spécial Rolling Stones en 2010 et que je disposais de pas mal de matière, j’ai alors auto-publié un livre via Amazon : ‘Les chansons des Rolling Stones’ – Amazon permet de publier en Kindle mais aussi en version papier. Le 13 juin 2014, les Stones sont passés à Paris. J’ai alors bénéficié à fond de l’effet médiatique. Mon livre est monté jusqu’à la position n°1 du hit-parade d’Amazon (voir http://ichbiah.online.fr/stones.htm pour des captures d’écran). Ça a été une révélation sur le fait que nous sommes en train de changer d’ère. Internet est en train de nous faire changer d’époque, un peu comme quand le monde est passé d’une civilisation agricole à une civilisation industrielle. Désormais, un simple individu peut concurrencer les majors. Cela s’est passé aussi pour beaucoup d’artistes. Et donc, ‘Les chansons de Madonna’ je le sors sur Amazon et c’est aussi une façon d’avoir un livre sur Madonna qui sera toujours en vente, que l’éditeur réimprime ou non ceux que j’ai faits pour lui…
"C'est avant tout une passion pour la personne qu'elle est, les messages de paix qu'elle tente de faire passer"
Combien de temps vous prend l'écriture d'un ouvrage ?
Des mois, des mois et des mois… Mais pas forcément ‘full time’, car j’ai d’autres activités en parallèle : je suis rédacteur en chef de plusieurs magazines. Avant tout, ce sont des moments de grand bonheur quand ce sont des biographies musicales. Cela permet de passer plusieurs mois avec Madonna, à regarder ses clips, ses films, revivre son histoire. Idem pour les Stones ou Elvis ;-))
Pourquoi écrire sur Madonna ?
Parce que, même si parfois elle m’agace, je l’adore à un point qui n’est pas vraiment explicable. C’est avant tout une passion pour la personne qu’elle est, les messages de paix qu’elle tente de faire passer au monde comme avec sa vidéo ‘I want to start a revolution’. La simplicité qu’elle a dans les relations humaines. Et bien sûr pour ces centaines de chansons qui accompagnent nos vies. Ce qui est fort avec certains artistes, et c’est vraiment le cas pour Madonna, c’est que nous apprécions ses chansons, mais il y a aussi un lien extrêmement fort avec Madonna elle-même, ce qu’elle est, ce qu’elle représente, les valeurs qu’elle met en avant au travers de sa personnalité et de ses actes, la façon dont elle affronte les situations… Le lien qui existe entre Madonna et son public est quelque chose d’incroyablement fort. On l’aime, c’est tout.
Un grand MERCI à Daniel pour avoir pris le temps de répondre à nos questions et nous lui souhaitons beaucoup de succès pour son livre.